Il est difficile de l’ignorer : les catastrophes naturelles dues aux changements climatiques se multiplient depuis le début de 2023, autant au Québec qu’ailleurs dans le monde. Seulement au Québec, pensons notamment à l’épisode majeur de verglas qu’il y a eu au mois d’avril et qui fut le plus gros depuis la crise de 1998, les inondations printanières qui ont affecté de nombreux territoires, des épisodes courts, mais intenses de pluies diluviennes au printemps et durant l’été, les occurrences d’orages violents beaucoup plus nombreux, les tornades qui semblent être en augmentation dans la région de Gatineau/Ottawa, les alertes de tornades pour des régions inhabituelles pour ce type de phénomène (ex. Montréal, Montérégie, Laval), les périodes de sécheresse qui ont causé de nombreux feux de forêt et par conséquent, une mauvaise qualité de l’air partout dans la province, et bien plus.
Les autres provinces et territoires du pays subissent également de plein fouet les impacts de ces changements, tels que :
- Le nombre record de feux de forêt toujours en activité et causant une mauvaise qualité de l’air un peu partout au Canada, aux États-Unis et causant des nuages de fumée et de particules fines jusqu’en Europe (du jamais vu dans l’histoire)
- Des inondations, des déluges, des tempêtes tropicales et des ouragans de catégories 1 et 2 en hausse dans les Maritimes
- Les épisodes de verglas en hausse
- Des froids arctiques sur l’ensemble du pays durant l’hiver
- Des tempêtes de grêle plus fréquentes durant l’été
- Des blizzards et des tempêtes avec de fortes accumulations de neige et de glace durant l’hiver
- Des vagues de chaleurs partout au pays
- Les épisodes de chaleur accablante dans plusieurs régions
- La sécheresse en hausse dans les Prairies, en Alberta et maintenant également en Colombie-Britannique ainsi que dans d’autres provinces
- La fonte de glaciers dans les Rocheuses
- Le dégel du pergélisol en Arctique
- La hausse des températures des eaux des trois océans bordant le Canada (Pacifique, Atlantique et Arctique)
- L’augmentation des glissements de terrain
- Migration d’espèces animales qui se font concurrence pour les ressources ou les sites de reproduction
- Etc.
Les changements climatiques ont un impact significatif sur nos vies à plusieurs niveaux, englobant l’environnement, l’économie, la santé et la société dans son ensemble. Parmi ces impacts, citons la migration et le déplacement des populations, l’aggravation ou l’apparition de certains problèmes de santé, les dommages et pertes causés aux infrastructures essentielles (ex. électricité, communications, routes, eau potable, etc.), aux habitations, aux biens personnels ainsi qu’aux écosystèmes. Finalement, ces situations peuvent également causer de l’insécurité et de la précarité financière, des faillites et des problèmes de santé mentale aux sinistrés.
De plus, l’augmentation des températures et des hivers plus doux au Canada favorise la migration d’insectes et d’organismes porteurs de maladies tels que le virus du Nil occidental et la maladie de Lyme (de plus en plus présents). Les scientifiques suivent également d’autres types d’organismes pathogènes qui pourraient migrer au cours des prochaines années et l’émergence de maladies infectieuses pour lesquelles il n’y a pas encore de traitements.
L’objectif de cet article étant de vous conscientiser, nous nous limiterons à quelques brèves explications.
Qu’est-ce que cela représente pour les entreprises ?
L’enjeu des changements climatiques affecte tout autant les entreprises, peu importe leur taille et leur industrie. Face à ces événements malencontreux, plusieurs entreprises réagissent rapidement et désirent mettre en place un plan de continuité des affaires ou de gestion de crise qui prend seulement en compte les changements climatiques. C’est un peu comme si le plan était élaboré selon la saveur du mois, les changements climatiques étant au cœur de l’actualité plus que jamais. Cette réaction, bien que normale, est souvent motivée par deux éléments : le maintien de la bonne réputation de l’entreprise ainsi que l’émotivité du moment.
En réalité, ce n’est pas une bonne pratique de mettre en place un plan qui est axé sur un seul risque sans considérer tous les autres qui existent.
Plus concrètement (un cas réel), si le seul emplacement de votre entreprise est situé dans une tour à bureaux de plusieurs étages au centre-ville de Montréal, le fait de mettre en place une stratégie en cas de feu de forêt, alors qu’il n’y a pas de forêt à proximité, ne correspond peut-être pas à la réalité de cette localisation. Une approche qui considère la qualité/contamination de l’air, de l’eau et des sols, ainsi que le risque d’inondation (par exemple, causée par des pluies torrentielles) et d’incendie correspondrait probablement plus à la réalité du périmètre de cet endroit. Cet exemple illustre l’importance de bien identifier les risques de votre organisation et d’éviter de débuter des initiatives coûteuses qui ne correspondent pas à votre réalité.
En tant qu’entreprise, que devriez-vous faire ?
Continuons avec notre exemple des changements climatiques et les risques qui en découlent pour votre entreprise. Si vous voulez adresser cet enjeu, il est important de l’intégrer dans une analyse de risques globale, et non de le traiter comme un enjeu isolé. En effet, effectuer une telle analyse permet de prendre en compte les interactions complexes entre les différents risques et d’obtenir une perspective plus holistique de la façon dont ils peuvent affecter l’entreprise dans son ensemble.
Avant de se lancer dans un tel projet, prenez du recul sur la situation et posez-vous les questions énumérées ci-dessous. Celles-ci couvrent beaucoup plus de volets que simplement ceux reliés aux changements climatiques. Vous constaterez que dans bien des cas, plusieurs approches/solutions permettraient d’aborder le tout de manière globale et ainsi simplifier vos efforts et votre démarche :
- Quels sont nos objectifs et nos activités principales ?
- Quels sont nos actifs et nos ressources critiques ?
- Quels sont les événements et les scénarios qui pourraient nous affecter ?
- Quels sont les risques auxquels l’entreprise fait face ?
- Est-ce que l’entreprise a des vulnérabilités ?
- Quelles sont les conséquences si les risques se matérialisent ?
- Comment priorisons-nous et gérons-nous les risques identifiés ?
- Est-ce que l’entreprise dispose de plans de résilience à jour et testés ? (Plan de continuité des activités, plan de gestion de crise, plan de relève informatique, plan de mesures d’urgence, etc.)
- Est-ce que l’entreprise a déjà eu à procéder un arrêt d’urgence (« emergency shutdown») de l’ensemble de ses opérations de production manufacturière en toute sécurité afin d’éviter les risques d’incendie, d’explosion, de fusion, d’instabilité, de contamination et de fuite de substances dangereuses ?
- Est-ce que lesdites procédures d’arrêt d’urgence sont testées en contexte réel périodiquement ?
- Est-ce que l’entreprise nécessite un redémarrage séquentiel de sa production et si oui, sur quelle période de temps et est-ce que cela a déjà été testé dans des conditions réelles ?
- Est-ce que l’entreposage des substances dangereuses est sécuritaire même en cas d’incendie (incluant les feux de forêt) ?
- Est-ce les titulaires de rôles et responsabilités dans les plans de résilience connaissent bien ce qu’ils ont à accomplir en cas de déclenchement ?
- Est-ce que nous disposons d’une liste de contacts d’urgence ?
- Est-ce que nous disposons de moyens permettant de sécuriser les systèmes technologiques et les accès physiques sans devoir accéder aux bureaux (sites) et en cas de non-accès pendant une période de plusieurs jours/semaines ?
- Quelles sont les capacités de maintien des opérations si le site devenait complètement interdit ou inaccessible pendant un mois ?
- Quelles sont les stratégies de maintien des opérations si les employés, fournisseurs et clients situés dans une zone différente de l’entreprise devaient être évacués pendant quelques semaines tandis que la zone où est située l’entreprise demeurait ouverte et accessible ?
- Est-ce que l’entreprise dispose des ressources et capacités nécessaires pour gérer une crise grave et surtout, saisir les opportunités de sortie de crise et atténuer les risques et vulnérabilités découverts ?
- Quels sont les programmes d’aide et de support que l’entreprise peut offrir à ses employés sinistrés et les membres de leurs familles ainsi qu’à la communauté (responsabilité sociale) ?
- Est-ce que l’entreprise a prévu des contournements, des ajustements, des contrôles supplémentaires, des processus d’évaluation et de suivi du moral des employés (santé mentale* et/ou traumatisme**) ?
* Exemples de troubles de santé mentale : choc post-traumatiques, anxiété, difficulté à se concentrer, émotivité, dépression, inattention,
** Exemples de traumatismes : perte d’une maison et de tous ses biens personnels, blessures graves et/ou décès d’un membre de la famille ou collègue, rôle de proche aidant tout en devant travailler, membres de la famille hébergés séparément à plusieurs endroits, procédures administratives complexes et répétitives auprès des gouvernements, problèmes financiers majeurs, etc.
- Est-ce que l’entreprise a instauré des mesures de santé et sécurité additionnelles afin de diminuer les risques d’accidents et blessures à la suite d’un sinistre majeur ou du déclenchement du plan de continuité des affaires ?
Par ailleurs, si votre entreprise possède plus d’un lieu d’affaires, il incombe d’effectuer une analyse de sources de risques externes majeurs pour chacun de ces sites, puisque ceux-ci ne sont peut-être pas les mêmes d’un endroit à l’autre. Les conséquences ne seraient pas les mêmes, tout comme les stratégies d’atténuation et de contournement requises. Un modèle « one size fits all » n’est pas nécessairement l’approche la plus adéquate.
En bref, prendre le temps d’élaborer une analyse de risques et d’impacts complète et bien exécutée nécessite une approche méthodique, l’engagement de diverses parties prenantes et une prise de décision éclairée pour réduire l’exposition aux risques et améliorer la résilience de l’entreprise. Le support de la haute direction et du conseil d’administration est nécessaire afin d’améliorer la posture de la gouvernance des risques et surtout, afin de disposer de l’appui nécessaire qui permettra d’instaurer une culture de résilience dans l’organisation. En plus, les coûts seront moindres et le processus plus efficace que si vous faites du cas par cas. Pour en apprendre davantage sur certaines approches en matière d’analyses de risques, consultez notre article de blogue entièrement consacré à ce sujet.
En conclusion
En vous posant les questions appropriées et en impliquant les bonnes personnes, votre entreprise sera en mesure d’obtenir une vue d’ensemble solide de ses risques et d’élaborer des stratégies efficaces de gestion, d’analyse et d’atténuation des risques. Évitez de mettre tous vos efforts sur un seul enjeu et privilégiez une approche intégrale. Vous n’en serez que gagnant à long terme !
Si vous avez besoin d’aide d’un professionnel pour effectuer l’analyse de risques de votre entreprise, pour mettre en place et/ou réviser un plan de continuité des affaires (PCA), un plan de gestion de crise (PGC), un plan de relève informatique (PRI) ou un plan de mesures d’urgence (PMU), contactez-nous dès maintenant pour un service personnalisé : [email protected].