Le 28 avril 2025, une panne électrique majeure a frappé l’Espagne, le Portugal et le sud de la France, plongeant des dizaines de millions de citoyens dans le noir. Les répercussions ont été immédiates : métros à l’arrêt, hôpitaux en mode urgence, coupures de télécommunications, perturbations économiques et confusion généralisée. Ce type d’incident, bien que survenu à l’étranger, constitue un signal d’alarme pour l’ensemble des organisations canadiennes.
La question n’est pas de savoir si un tel événement peut survenir ici, mais plutôt quand et comment vous y êtes préparés.
Cet article vous invite donc à vous questionner sur le niveau de préparation de votre entreprise : seriez-vous prêts à affronter un tel choc? Nous vous fournissons également quelques pistes de solution pouvant aider à renforcer votre résilience.
Une société dépendante de cinq piliers vitaux
Dans notre monde interconnecté et numérisé, les organisations s’appuient sur des fondations invisibles, mais essentielles. Ces piliers sont à la base du fonctionnement quotidien de nos entreprises, de nos services et de notre société en général. Lorsqu’un seul de ces piliers est compromis, c’est l’ensemble de l’écosystème qui peut vaciller. Voici les cinq principaux leviers sur lesquels repose notre fonctionnement collectif, accompagnés de quelques exemples concrets de dépendance et des impacts associés à une interruption pour une organisation.
1. L’énergie (particulièrement l’électricité)
L’électricité est la colonne vertébrale de presque toutes les activités économiques et sociales. Sans elle, même les opérations les plus élémentaires deviennent inaccessibles, que ce soit dans une usine, un hôpital ou un simple bureau.
Exemples de dépendance :
- Alimentation des bâtiments, machines de production, serveurs, équipements médicaux;
- Transport électrifié (train, tramway, recharge de véhicules électriques).
Impacts pour les entreprises en cas d’interruption :
- Arrêt des opérations, pertes de données;
- Dépendance aux génératrices (qui elles-mêmes peuvent faillir);
- Pertes financières importantes, surtout pour les industries manufacturières ou agroalimentaires.
Cas réel : en avril 2023, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal a été frappé par une panne électrique combinée à des infiltrations d’eau et des vents violents. Les génératrices de secours n’ont pas démarré, malgré des tests réguliers. Ce cas, très médiatisé, rappelle une vérité brutale : même les systèmes redondants peuvent échouer. Cela se produit régulièrement dans des entreprises privées, sans en faire nécessairement les manchettes.
2. Les télécommunications et Internet
Au-delà de l’alimentation électrique, la capacité à transmettre l’information et à rester connectés avec les parties prenantes est devenue indispensable au bon fonctionnement des entreprises modernes.
Exemples de dépendance :
- Communication interne et externe, transactions bancaires, télétravail;
- Surveillance à distance, systèmes d’alarme, accès aux données dans le nuage.
Impacts pour les entreprises en cas d’interruption :
- Perte de coordination entre les équipes et les fournisseurs;
- Impossibilité de desservir les clients ou de gérer les commandes;
- Atteinte à la réputation, surtout si l’organisation gère des services publics ou financiers.
3. La technologie (systèmes informatiques et automatisation)
Les systèmes informatiques et les technologies automatisées constituent le cerveau et la mémoire des organisations. Sans eux, la prise de décision, la planification et l’exécution des tâches deviennent quasi impossibles.
Exemples de dépendance :
- ERP, CRM, logiciels de gestion des stocks ou de production;
- Robots industriels, intelligence artificielle, traitement de l’information.
Impacts pour les entreprises en cas d’interruption :
- Arrêt de la chaîne de production ou de distribution;
- Perte de données critiques et de traçabilité;
- Ralentissement majeur des capacités de décision.
4. L’accès à de l’eau potable
L’eau potable n’est pas seulement un besoin humain fondamental, elle est aussi une ressource indispensable pour de nombreux processus industriels et de soutien aux opérations.
Exemples de dépendance :
- Alimentation des systèmes de climatisation ou de refroidissement;
- Processus industriels (ex. : transformation alimentaire, pharmaceutique, etc.).
Impacts pour les entreprises en cas d’interruption :
- Mise à l’arrêt de certaines opérations critiques;
- Risques pour la santé et la sécurité des employés;
- Non-conformité réglementaire.
5. Les infrastructures publiques essentielles (transport, santé, services d’urgence)
Ces infrastructures sont le socle logistique et humain sur lequel reposent l’accès, la mobilité, la sécurité et la capacité d’intervention rapide dans toute situation d’urgence.
Exemples de dépendance :
- Accès aux sites d’opération (routes, ponts);
- Disponibilité des soins médicaux, intervention policière ou incendie.
Impacts pour les entreprises en cas d’interruption :
- Employés incapables de se rendre sur place ou de rentrer chez eux;
- Délais dans les livraisons et expéditions;
- Impossibilité de répondre à une urgence interne.
Risques croisés et effets domino
L’un des aspects les plus redoutables d’une interruption majeure est sa capacité à déclencher une série d’événements successifs et interconnectés. Nous ne parlons pas ici d’un incident isolé, mais d’un enchaînement de perturbations aux impacts multiples. C’est ce que l’on appelle les effets domino ou risques croisés.
Exemple typique : une panne électrique entraîne l’arrêt des serveurs, ce qui provoque une perte d’accès aux logiciels en infonuagique, ce qui empêche la gestion des commandes, ce qui affecte les clients, puis déclenche des appels au service à la clientèle… qui n’a plus accès à ses outils non plus.
Autres exemples concrets :
- Une inondation coupe un accès routier, empêchant les livraisons, ce qui arrête la production, puis retarde les expéditions clients;
- Une cyberattaque paralyse les systèmes TI, affecte les communications internes, puis les opérations de facturation et les paiements fournisseurs;
- Une crise RH (ex. : grève, conflit ou éclosion sanitaire) combinée à une rupture d’approvisionnement amplifie la désorganisation interne.
Ces scénarios ne sont pas théoriques. Ils ont été vécus, ici comme ailleurs. D’où l’importance de bâtir des plans intégrés, capables d’absorber plusieurs types de chocs simultanés et de maintenir une cohérence dans la gestion de crise.
Effets sur les chaînes d’approvisionnement : un maillon faible peut tout bloquer
La panne généralisée en Europe a aussi mis en lumière un autre enjeu majeur : la fragilité des chaînes d’approvisionnement interconnectées.
De nombreuses entreprises canadiennes ou nord-américaines dépendent de fournisseurs ou de sous-traitants situés en Europe. Quand ceux-ci ne peuvent plus produire, répondre ou expédier, c’est toute la chaîne qui peut se retrouver bloquée. Cela est particulièrement critique pour les entreprises qui fonctionnent en production juste-à-temps (JAT) ou à flux tendu.
Conséquences possibles :
- Arrêt de lignes de production locale faute de pièces ou matières premières;
- Retards dans la livraison de commandes critiques pour vos clients;
- Pertes de revenus, pénalités contractuelles, perte de crédibilité.
En bref, même si votre entreprise ne subit pas directement la panne, vous pouvez en subir les conséquences par effet domino. D’où l’importance de cartographier vos dépendances et d’évaluer la résilience de vos fournisseurs clés.
Quelques gestes simples pour amorcer une véritable résilience
Voici quelques conseils concrets pour les gestionnaires souhaitant amorcer ou renforcer leur préparation sans tout révéler dès le départ :
- Identifier les processus critiques et les ressources associées;
- Documenter les dépendances en énergie, technologies et fournisseurs;
- Simuler un blackout prolongé et valider la capacité de maintien des opérations;
- Ne pas se fier uniquement aux génératrices : prévoir des alternatives, vérifier les niveaux de carburant, anticiper les défaillances potentielles;
- Mettre à jour le plan de continuité des affaires (PCA);
- Mettre à jour tous les autres plans de résilience (plan de gestion de crise, plan de mesures d’urgence, plan de relève informatique, plan de communication de crise, plan en cas de blackout, etc.);
- Prévoir des mesures pour le personnel : soutien psychologique, rotation, information continue;
- Réaliser des tests réguliers et des exercices pour s’entraîner.
Chaque entreprise est unique et possède sa propre structure et ses propres vulnérabilités. Ce qui fonctionne pour une ne s’applique pas automatiquement à une autre, d’où l’importance d’une approche sur mesure, adaptée à votre réalité.
Exemples d’erreurs fréquentes à éviter
Même les organisations bien intentionnées font parfois des erreurs qui compromettent leur capacité à faire face efficacement à une interruption majeure. Voici quelques-unes des erreurs les plus courantes que nous observons sur le terrain :
- Croire qu’une génératrice suffit : plusieurs entreprises pensent qu’une génératrice de secours les protège adéquatement. Toutefois, si elle ne démarre pas, tombe en panne ou manque de carburant, l’organisation se retrouve sans solution de rechange.
- Ne pas tester les plans : des plans de continuité ou de crise existent, mais ils n’ont jamais été mis à l’épreuve dans un exercice. Au moment critique, personne ne sait réellement quoi faire.
- Ignorer les interdépendances : une entreprise peut avoir tout prévu à l’interne, mais oublier que son fournisseur critique ou son partenaire logistique ne pourra pas livrer en cas de crise.
- Confier la gestion de crise à une seule personne : en l’absence de cette personne, le plan devient inutilisable.
- Sous-estimer les impacts humains : stress, anxiété, surcharge, désinformation : autant de facteurs qui nuisent à une réponse efficace s’ils ne sont pas pris en compte dans les plans.
- Ne pas prioriser : sans critères clairs de priorisation, les équipes s’éparpillent, les efforts se dispersent et les décisions sont retardées.
Éviter ces erreurs passe par un diagnostic rigoureux, une approche structurée et une culture organisationnelle orientée vers la résilience.
Par où commencer? 5 actions concrètes à faire dès maintenant
- Lister vos 5 processus les plus critiques.
Que se passe-t-il si chacun d’eux est interrompu pendant 48 heures? - Vérifier vos dépendances invisibles.
Êtes-vous dépendant d’un seul fournisseur? D’une seule technologie? D’un seul employé? - Localiser vos plans actuels.
Qui les connaît? Sont-ils accessibles sans électricité ou sans Internet? - Identifier un scénario « à forte probabilité / fort impact ».
Et posez-vous une seule question : seriez-vous prêts aujourd’hui? - Planifier un exercice d’ici les trois prochains mois.
Même une simulation de 30 minutes peut révéler des lacunes majeures.
Un accompagnement stratégique et confidentiel
Chez Benoit Racette Services-conseils inc., nous accompagnons les organisations qui souhaitent protéger leurs opérations critiques, assurer la sécurité de leurs équipes et maintenir la confiance de leurs clients, même en contexte d’interruption majeure.
Notre fondateur, Benoit Racette, cumule plus de 27 ans d’expérience spécialisée en continuité des affaires, gestion de crise, mesures d’urgence et plans de reprise. Il est reconnu pour sa rigueur, sa crédibilité et sa capacité à transformer des enjeux complexes en solutions concrètes.
Un diagnostic de résilience, un plan de continuité des affaires à jour, un scénario de crise simulé : Ce sont les outils qui distinguent les entreprises qui subissent de celles qui réagissent avec maîtrise.
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