Sauvegarder ses données, c’est essentiel. Mais croire que cela suffit à assurer la continuité des opérations est une erreur fréquente — et potentiellement coûteuse. Ce n’est pas parce que vous avez des copies de vos fichiers que vous êtes réellement prêt à relancer vos systèmes critiques.
Il est temps de clarifier un malentendu encore trop courant dans les organisations : un plan de relève informatique (PRI) — ou ITDR pour IT Disaster Recovery — ne se résume pas à des sauvegardes. Ces deux éléments sont complémentaires, mais fondamentalement différents dans leurs objectifs, leurs contenus et leurs impacts sur la résilience organisationnelle.
👉 L’objectif de cet article étant de vous sensibiliser, nous nous limiterons à quelques cas de figure représentatifs. Il ne s’agit pas d’un guide technique complet.
Sauvegarde ≠ Reprise
Il est facile de croire qu’une entreprise est prête à faire face à une panne majeure simplement parce que « tout est sauvegardé ». C’est faux. Une sauvegarde est une copie des données. Un PRI est un plan d’action détaillé et testé qui permet de restaurer et de redémarrer les systèmes critiques dans les bons délais, avec les bonnes dépendances, dans le bon ordre.
Voici une comparaison simplifiée :
Élément | Sauvegarde | PRI (Plan de relève informatique) |
Objectif principal | Conserver les données | Redémarrer les systèmes technologiques |
Contenu | Fichiers, bases de données | Environnements complets, configurations, séquences |
Environnement de stockage | Local, infonuagique, hybride | Site secondaire, cloud sécurisé, autre zone isolée |
Délais visés | Souvent non définis | RTO (temps de reprise) et RPO (perte acceptable) |
Alignement avec le PCA | Rare | Doit être basé sur les priorités du PCA |
Test de fonctionnement | Parfois | Devrait être régulier et validé par les unités d’affaires |
La fausse sécurité de la sauvegarde seule
Imaginez : vous avez acheté un ensemble de quatre pneus neufs pour votre voiture, mais vous les gardez en entrepôt… sans avoir d’autre véhicule sur lequel les monter si le vôtre est volé ou détruit.
C’est exactement ce que font plusieurs entreprises : elles sauvegardent leurs données dans un endroit distinct, mais n’ont aucun plan pour les restaurer ni infrastructure pour les recevoir en cas de sinistre.
Le rôle clé du PCA et de l’analyse d’impacts (BIA)
Un bon PRI repose sur une démarche structurée, alignée sur le plan de continuité des activités (PCA). C’est le PCA, basé sur une analyse d’impacts sur les activités (BIA), qui précise :
- Les systèmes essentiels à redémarrer
- Les délais de reprise (RTO) à respecter
- La tolérance à la perte de données (RPO)
- Les fréquences minimales de sauvegarde
- Les dépendances technologiques à prendre en compte
Et non — un PRI ne vise pas à doubler l’ensemble de l’environnement TI. Il doit cibler les systèmes critiques à la mission, avec les infrastructures nécessaires pour permettre une reprise ordonnée.
Avoir des sauvegardes… mais les avoir mal gérées
Même la meilleure sauvegarde est inutile si elle n’est pas accessible, valide, ou intègre.
C’est pourquoi on recommande souvent l’approche dite 3-2-1 en gestion de sauvegardes :
3 copies de vos données (l’original + 2 copies),
2 supports différents (ex. : disque local et bande, ou cloud et NAS),
1 copie hors site (physiquement ou dans un cloud déconnecté de votre réseau principal).
Cette approche protège contre une grande variété de scénarios : incendie, bris matériel, ransomware, erreur humaine. Mais elle ne remplace pas un PRI. Elle en est un prérequis technique. Le PRI, lui, doit prévoir comment utiliser ces copies dans un environnement de relève maîtrisé.
Robustesse technologique : la première ligne de défense
Un bon PRI fait partie d’une stratégie plus large : celle de la robustesse technologique. Ce concept désigne la capacité de vos technologies à résister aux perturbations, à encaisser les chocs et à redémarrer sans délai excessif ni perte critique.
Autrement dit, le PRI sert à reprendre après l’incident — mais la robustesse vise à éviter que l’incident n’interrompe vos opérations en premier lieu.
Exemples concrets de robustesse à haute valeur ajoutée :
- Redondance géographique réelle
Doubler un serveur ou un système critique n’est utile que s’il est physiquement séparé du premier :- Pas dans la même salle informatique
- Pas dans le même bâtiment
- Idéalement, dans une autre zone électrique ou région
- Redondance de la connexion Internet
Deux liens Internet de fournisseurs différents, avec mécanisme de bascule, assurent une connectivité continue même en cas de coupure d’un circuit. - Alimentation électrique diversifiée
Certains équipements critiques peuvent (et devraient) être alimentés par deux sources électriques distinctes, réduisant le risque de coupure simultanée. - Systèmes d’alimentation de secours (énergie de secours)
On parle ici de batteries de secours (UPS) pour les transitions immédiates, et de génératrices pour assurer le fonctionnement pendant plusieurs heures ou jours. Ces dispositifs doivent être testés régulièrement. - Isolation des environnements critiques
Maintenir des copies du PRI, des systèmes de gestion de crise ou des tableaux de bord opérationnels hors du réseau principal, pour les rendre accessibles même en cas de compromission majeure.
La robustesse ne remplace pas la relève, mais elle diminue la fréquence d’activation du PRI, améliore vos chances de succès et protège vos actifs dans les situations imprévues.
Les dépendances : souvent le point faible des PRI
Un système peut être restauré… mais ne fonctionner que si ses dépendances sont aussi disponibles. Or, ces dépendances sont parfois invisibles ou mal documentées.
Le PRI doit identifier :
- Les dépendances unidirectionnelles : une application locale qui pousse ses données vers une plateforme infonuagique.
- Les dépendances bidirectionnelles : un système infonuagique qui interagit en temps réel avec une base de données locale, puis déclenche d’autres opérations.
Ces liens techniques doivent être cartographiés, validés, et régulièrement mis à jour pour éviter de restaurer un système « mort-vivant ».
Accessibilité du PRI : un enjeu sous-estimé
Trop d’organisations conservent leur plan de relève… sur le réseau qu’il est censé sauver. En cas d’attaque, d’incendie ou de défaillance réseau, le plan devient inaccessible.
Un bon PRI doit être :
- Stocké hors réseau (ex. : support physique, coffre-fort, cloud indépendant)
- Accessible à distance si le siège social est touché
- Consultable hors ligne en version imprimée ou PDF localisé
En matière de crise, l’accessibilité d’un document vaut autant que son contenu.
En conclusion : poser les bonnes questions
La vraie question n’est pas :
« Est-ce que nous avons des sauvegardes ? »
Mais plutôt :
« Sommes-nous capables de redémarrer nos systèmes critiques dans les délais requis, dans le bon ordre, avec toutes les dépendances en place ? »
Et surtout :
« Notre PRI est-il à jour, aligné sur les besoins d’affaires, et consultable en tout temps ? »
Pour aller plus loin
Posez-vous ces quelques questions pratiques :
- Vos sauvegardes respectent-elles l’approche 3-2-1 ?
- Vos RTO et RPO sont-ils connus, validés et testés ?
- Votre PRI est-il basé sur les réels besoins du PCA ?
- Le plan est-il mis à jour avec les changements technologiques récents ?
- Votre PRI est-il accessible même en cas de perte complète du réseau ?
Un bon PRI, ce n’est pas un fichier PDF qui dort sur un serveur.
C’est une stratégie dynamique, arrimée à vos processus, testée, et maintenue vivante.
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